Son père, lui, n’a qu’une idée en tête : que son fils Riad aille à l’école syrienne et devienne un Arabe moderne, l’Arabe du futur.A priori, la série qui a été célébrée de toutes parts et encensée par la critique pourrait susciter la méfiance. Exposition Riad Sattouf, l'écriture dessinée à la BPI, Centre Pompidou, du 14 novembre au 11 mars 2019. C’était aussi une manière d’intéresser les gens à une histoire qui n’avait jamais vraiment intéressé personne. Le petit Riad voit son père embrasser longuement les pieds de sa mère et se lover contre elle, tandis que sa mère à lui, bretonne et non voilée, l’objet du rejet d’une partie de sa belle-famille syrienne.Dans le tome 3 celle-ci exige de rentrer en France tandis que le petit Riad, pris dans un conflit de loyauté accepte pour son père d’être circoncis tardivement.
Moi-même je l’ai été.
Mais en 1984, la famille déménage en Syrie et rejoint le berceau des Sattouf, dans la ruralité profonde de la région de Homs. Toute son analyse reposait sur le fait que personne ne chasserait Saddam Hussein du pouvoir. Dans un quatrième tome, l’auteur lève le voile sur le vrai visage de son père qu’il admirait.
Caricatural, mais vrai.
Ce volume est une sorte de climax et de pivot vers une autre partie de la série (qui se terminera dans le cinquième tome, ndlr).»«J’ai la chance de connaître cette histoire jusqu’à la fin. Il pensait pouvoir faire un jour un coup d’État pour devenir président. Je m’efforce à ce qu’elles soient lisibles par des gens qui ne lisent pas de bande dessinée. CTRL + SPACE for auto-complete.
Sa vraie idole était Saddam Hussein. Beaucoup de drôlerie et de détails hilarants dans ce récit : nulle aigreur envers les Syriens qui sont touchants de vérité, y compris dans les situations les plus criantes d’oppression patriarcale et de bigoterie rétrograde. © Metro - Mass Transit Media S.A. Write CSS OR LESS and hit save.
C’est une histoire assez universelle.
Mais il décrit assez fidèlement les pesanteurs inouïes des sociétés arabes profondes : elles seront le socle de pauvreté et d’archaïsme sur lequel écloront certains « printemps arabes », en Syrie en particulier.
Il se trouve que mon père était un nationaliste panarabiste.
Comment faire avec un père qui déteste les femmes et un grand-père maternel qui est obsédé par les filles?
Une fois adulte, ça m’a permis de gagner ma vie. Je me suis choisi un peuple des auteurs de BD. C’était évidemment pour arriver à cet événement que j’ai repris l’histoire en la commençant dans les années 70. La bande dessinée fait partie de ma vie depuis toujours et le dessin m’a tout donné. De même pour Esther. Les enfants n’étaient moins violents ou moins cruels. Le père Abdel Razak est issu d’un milieu très pauvre, mais a des ambitions politiques délirantes, en plein crépuscule du panarabisme.
Pour dépasser cette schizophrénie, le dessin est arrivé comme un refuge et une identité. Les champs suivis d'une * sont obligatoires
L’invasion du Koweït était pour lui, un acte politique éblouissant. Les champs suivis d'une * sont obligatoires
C’est mon point de vue mais souvent la grande Histoire influence la vie des gens qu’on le veuille ou non. Ado, j’imaginais des histoires fantastiques pour m’échapper du quotidien. Je pense souvent à mes projets.
Je voulais donc la rendre romanesque en expliquant le contexte dans lequel cela s’est passé et en relatant les faits tels que je les ai vus. Entre un père aigri et phraseur, frustré de n’avoir pas eu la carrière universitaire qu’il méritait selon lui, tiraillé par le retour à ses origines et une mère qui très vite perd pied dans un environnement qui la rejette, le petit Riad est confronté à la violence de la culture locale : sexisme, racisme (le petit Riad, à la chevelure blonde, se fait traiter de Juif par ses condisciples et manque de se faire lyncher par ses cousins à son arrivée en Syrie), crimes d’honneur.La personnalité du père de Riad est intéressante à plus d’un titre : sa schizophrénie est celle de certains Arabes éduqués, embrassant les concepts de l’Occident tout en s’en méfiant et entravés par l’attachement à une culture dont ils finissent par excuser les aspects les plus archaïques, de peur de trahir leurs origines. Ces faits-là ne sont pas réservés à un seul endroit du monde. Le lecteur est libre de faire toute interprétation. C’était un prof d’histoire d’extrême droite, un moderniste qui voulait faire progresser le monde arabe mais il n’était pas du tout pour la démocratie et était pour la peine de mort. Être confronté à la description d’une jeunesse, racontée par une vraie petite fille, c’est en lien direct avec la période dont j’explore les souvenirs dans ma tête. Ne pas faire de vague était aussi mon but.
Je voulais emmener le lecteur avec moi dans cette histoire parce que dans la vie réelle je n’avais jamais réussi à la partager avec quiconque. Le dessin épuré sait pourtant rendre à merveille le quotidien des pays arabes concernés, avec ses murs lézardés, ses équipements désuets et certains détails familiers des voyageurs comme les poêles à mazout, les pots de Alors certes, l’impression générale est celle d’un biais culturaliste, sans jamais pourtant que Riad Sattouf n’exprime autre chose que les impressions d’un petit garçon. Je raconte les faits tels que je les ai vus.
‘L’Arabe du Futur’ est arrivé au moment où je devais le raconter. Il va élever son fils Riad dans le culte des grands dictateurs arabes, symboles de modernité et de puissance virile. Quand j’étais enfant, il m’a permis d’avoir des copains, d’intéresser mes parents.
Une fois que j’étais en France, j’avais un prénom ridicule et une voix un peu efféminée. Je me rends compte que les choses ont très peu changé mis à part l’arrivée de nouvelles technologies.»